Des origines à la période féodale

Les nombreuses pierres à cupules que l’on trouve dans les hauts d’Ayer, mais aussi à Grimentz et St-Luc notamment, nous démontrent que le val d’Anniviers a été habité de manière ininterrompue depuis plusieurs millénaires. En 1883, lors de la construction du nouvel hôtel  Bella-Tola à St-Luc, divers  objets ont été mis à jour, dont des bracelets typiquement valaisans et une hache datant du VIe siècle avant J.-C.

Au haut Moyen Âge, le Val d’Anniviers dépendait de la villa galloromaine de Sierre, donnée en 515 à l’abbaye de Saint-Maurice par Sigismond, roi des Burgondes. Vers l’an 1000, les comtes de Maurienne-Savoie ont possédé la vallée avec leurs alliés, les comtes de Granges. Elle est ensuite passée aux mains du Chapitre de Sion (1130-1193) puis de Guillaume d’Ecublens, évêque de Lausanne de 1221 à 1229, qui l’inféoda à la famille d’Anniviers en 1193. Ces serfs enrichis avaient pris le titre de Seigneur d’Anniviers par inféodation à l’évêque, qui les a investis du titre de vidame en 1235.

 En 1380, les Sierrois de Rarogne ont succédé aux Anniviards, suite au mariage de Béatrice d’Anniviers et de Pierre de Rarogne. Durant la période 1200-1467, les Anniviards ont été entraînés directement ou indirectement dans les guerres qui ont touché le Valais, d’abord entre le Duc de Savoie, l’évêque et les communes haut-valaisannes, puis plus tard  dans les guerres de Rarogne (1415-1420). A partir de 1467, le Val d’Anniviers est redevenu directement dépendant de l’évêque, et  le vidôme a été remplacé par un châtelain.  

La création des communes

On ne connaît pas la date précise de la création des communes. Elles se sont créés pour profiter des terres incultes, des eaux, des bois et des pâturages communs et en régler l’usage. Une pièce d’archive de Valère mentionne qu’en 1327, «les quartiers de Vissoie, de St-Luc, d’Ayer et de Grimentz ont constitué leurs délégués et procureurs dans toutes les causes et affaires de la communauté de la vallée entière». Il est vraisemblable que cette organisation était similaire à celle qui existait en 1798, soit le quart de Vissoie comprenant les communes de Vissoie, la Combaz, les Fras et Pinsec, le quart de Luc, celles de St-Luc et Chandolin, le quart d’Ayer, celles d’Ayer et Mission, le quart de Grimentz, celles de Grimentz et St-Jean. Ces communes étaient composées de communiers; pour être accepté comme communier, il fallait avoir une certaine quantité de terrain sur le territoire de la commune. Il s’agissait de sociétés très démocratiques, car  tous les communiers avaient les mêmes droits et à tour de rôle, on devenait procureur. Au début, ces sociétés avaient un caractère privé et ne comportaient ni police, ni juridiction. En raison des guerres, qui ont ravagé le Valais du XII au  XV siècle, les seigneurs se sont fortement endettés, si bien qu’ils ont du vendre leurs fiefs aux communes et aux privés. C’est  à cette époque que les communes ont pris de l’importance au niveau économique.

La révolution française et le premier grand procès

Après la Révolution Française de 1789, les Anniviards s’allient aux Haut-Valaisans  et en 1798 se soulèvent contre le nouveau régime helvétique centralisé. Ils perdent une première bataille contre les Bas-Valaisans, qui  sont aidés des Vaudois et  des Français. En 1799, les Hauts-Valaisans se révoltent à nouveau et sont battus définitivement  à Finges. Il s’en suivit une période de grande misère pour les Anniviards qui perdent presque tous les biens qu’ils possédaient à Sierre.

C’était une période relativement trouble avec des conscriptions fréquentes, qui imposaient à chaque commune de fournir son contingent de soldats avec leurs équipements. A cette époque, le nombre minimum de soldats à fournir était, très souvent, fixé par commune ou Quartier en Anniviers. C’est pour cette raison, entre autres, qu’en 1798, le Quartier de Vissoie a demandé sa fusion avec les trois autres Quartiers; Fras et Pinsec rejoignent Grimentz, La Combaz  rejoint Ayer et Vissoie est partagé en deux entre Grimentz et Ayer. A la fin des guerres Napoléoniennes et après le rétablissement de l’ancien régime, les communiers de Vissoie ont souhaité retrouver leur ancienne commune. Grimentz, craignant que  Vissoie soit absorbée par Ayer, s’y est opposée. Ce fut le premier grand procès qui dura de 1814 à 1824. Vissoie a perdu le procès et les vrais gagnants furent Grimentz et Ayer. Et c’est donc presque naturellement que ce dépeçage de Vissoie conduira à  un deuxième procès entre Vissoie, Ayer et Grimentz.

En 1815, le Valais entre dans la Confédération et en 1851, la Constitution Valaisanne impose une séparation entre la commune municipale et la commune bourgeoisiale, qui, dorénavant s’appellera Bourgeoisie. On attribue les biens de l’ancienne commune à la Bourgeoisie, qui aura un rôle principalement économique et de soutien financier de la commune municipale.

Les débuts du tourisme en Anniviers

Durant la deuxième partie du XIX siècle, le Val d’Anniviers connaît une forte croissance démographique. Une route carrossable est construite entre Sierre et Vissoie (1840-1900). C’est un premier démarrage du tourisme d’une ampleur exceptionnelle. On construit les grands hôtels tels que le Durant, les Diablons à Zinal, ou le Weisshorn, La Bella Tolla et le Cervin à St-Luc. En 1897, un grand projet de construction de chemin de fer Sierre – Vissoie – Zinal – Mountet – Zermatt voit le jour. On imagine même un funiculaire entre Vissoie et St-Luc. Malheureusement la première guerre mondiale tue dans l’œuf ce projet.

Le deuxième grand procès

En 1897, les citoyens de Vissoie adressent au Grand Conseil du Canton du Valais une demande de bien vouloir décréter l’érection de Vissoie en commune municipale indépendante. Après de nombreuses tractations et un nouveau grand procès,  le Grand Conseil du canton du Valais décrète, le 28 novembre 1904, l’érection du village de Vissoie en commune séparée de celles d’Ayer et de Grimentz.

Le XXième siècle

La première guerre mondiale, le krach financier de 1929 et la deuxième guerre mondiale ont amené un période économique difficile pour le Val d’Anniviers. Heureusement, grâce à la création en 1905 de l’usine de fabrication de l’aluminium à Chippis avec les forces hydrauliques indispensables à cette fabrication, les Anniviards ont pu y trouver du travail plus que bienvenu.

La construction du barrage de Moiry entre 1954 et 1958 a largement contribué au développement du Val d’Anniviers par l’amélioration des voies d’accès depuis Sierre. La réalisation en 1960 du premier téléski au Défichiaz à Zinal a lancé le tourisme hivernal et fortement contribué à l’arrêt de l’exode des Anniviards. En effet, ceux-ci étaient contraints de se déplacer en plaine, car il n’y avait presque plus de travail dans la vallée.

En 1972, le peuple suisse a donné le droit de vote aux femmes. Les bourgeoisies avaient jusqu’en 1974 pour les intégrer. Ce ne fut pas chose facile, car prétextant un manque de place dans les salles bourgeoisiales, bien des bourgeois souhaitaient refuser l’accès à la gent féminine à la journée des Rogations. Finalement, après des débats épiques, une solution de compromis a été trouvée en 1974, en ce sens que, le lundi des Rogations demeurait comme par le passé réservé aux hommes, alors que l’après-midi du dimanche suivant était exclusivement consacré aux bourgeoises.

Il a fallu attendre 1994, 20 ans plus tard, pour donner accès aux bourgeoises à l’assemblée des Rogations en même temps que les hommes.

Le 26 novembre 2006, les votants des  6 communes d’Anniviers ont décidé de fusionner sans les bourgeoisies.